Séminaire Les fausses nouvelles : le nouveau visage d’un vieux problème


Florian Sauvageau, Pierre Trudel et David Pritchard, responsables du programme

Les conditions de la production et de la circulation des nouvelles sont profondément affectées par la place majeure que prennent désormais les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook. Une portion significative et croissante du public reçoit ses informations à partir de ce genre de plateformes. Dans ce contexte, le champ de ce qui peut constituer une « nouvelle » éclate, en fonction de la perception des uns et des autres. Le débat sur les fausses nouvelles illustre le phénomène.

Ces environnements ouverts fonctionnent en effet comme d’immenses agoras dans lesquelles pratiquement tout usager se trouve investi des capacités d’un diffuseur. Chacun a le loisir de relayer des séquences d’information. Les nouvelles ainsi « partagées » et rediffusées proviennent aussi bien des grands médias établis que de groupes ou d’individus dont il est plus difficile de préciser les motivations.

Les mécanismes qui assuraient dans le monde des médias traditionnels un certain niveau de validation des informations mises en circulation paraissent marginalisés. Jadis confinés aux salles de rédaction, les processus de validation des informations se déroulent désormais dans un environnement constitué d’un ensemble hétéroclite de lieux plus ou moins interconnectés, parfois segmentés en fonction des préférences et croyances des internautes qui fréquentent les méga-plateformes. Informations vérifiées, rumeurs, ragots et autres « faits alternatifs » se retrouvent souvent pêle-mêle, laissant le citoyen perplexe.

Comment concevoir des processus et des critères afin de déterminer la valeur de l’information dans les sociétés démocratiques? C’est la question essentielle que pose le problème des fausses nouvelles. Comment les critères du vrai et du faux se définissent-ils dans cet univers en réseau? Les entreprises comme Facebook ou Google devraient-elles rendre publique la nature des algorithmes qui contribuent à déterminer ce qui sera proposé à chaque internaute en fonction de ses intérêts? L’État a-t-il un rôle à jouer à cet égard? Comment les citoyens peuvent-ils s’assurer de la véracité des informations qui leur sont transmises ? Il faut aussi situer ce questionnement dans un cadre historique  et rappeler que le phénomène des fausses nouvelles n’est pas nouveau, mais qu’il se présente aujourd’hui sous un nouveau jour.

Voilà les principales questions auxquelles ce séminaire souhaite proposer des pistes de réponses.

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The conditions in which news is produced and circulated have been profoundly affected by the major role played by social media such as Twitter and Facebook. Ever-larger numbers of people are getting their news from these platforms. In this context, the perception of what different groups consider to be “news” is exploding. The debate over fake news illustrates this phenomenon.

These open platforms function as immense agoras where almost any user has the capabilities of a broadcaster. Anyone can disseminate information, which can then be shared and reshared by other users of social media. News that is rebroadcast in this way may come from the mainstream media or from entities whose motivations are harder to pin down.

The fact-checking mechanisms used by the traditional media appear to have been marginalized. It seems that such processes, once confined to newsrooms, are taking place within a patchwork of more or less interconnected places that are sometimes segmented according to the opinions and beliefs of social media users. Citizens are left perplexed by this jumble of fact-checked news, rumours, gossip and other “alternative facts.”

How can we develop processes and criteria to ascertain the value of truthful information in democratic societies? That is the vital question that the debate over fake news asks. How are truth and falsehood defined in the networked universe? Should companies such as Facebook or Google reveal the algorithms that help determine the kinds of “news” users see? What kind of oversight, if any, should governments exercise? What can citizens do to influence the truthfulness of information? We must also situate these questions within a historical framework, bearing in mind that the fake news phenomenon is nothing new; it has simply presented itself in a new light.

These are the main questions that this seminar proposes to explore.

Programme /Program 

8h45 Présentation du séminaire 

Florian Sauvageau, Université Laval, et Pierre Trudel, Université de Montréal, membres du Centre d’études sur les médias

9h00 Panel 1 : Fausses nouvelles, information et propagande

Cartographie des fausses nouvelles

Tommaso Venturini, King’s College, Londres, et Media Lab, Science Po, Paris

A journalist with a passion

Craig Silverman, Media editor, BuzzFeed News 

Commentaires : Serge Proulx, Université du Québec à Montréal, et Simon Thibault, science politique, Université de Montréal

10h30 Panel 2 : L’apport de la recherche

Social media manipulation by state actors : fake news, political bots and patriotic trolls

Samantha Bradshaw, chercheure, Computational Propaganda Project, Oxford University

Stopping Fake News : A Ukrainian Example

Nadine Kozak, professeure, University of Wisconsin, Milwaukee

Detecting Deception in Online Information

Victoria Rubin, professeure,Western University, London, Ontario

Commentaires: Colette Brin, Université Laval et directrice du Centre d’études sur les médias

PAUSE REPAS

12h30 Conférence – La longue histoire des fausses nouvelles, de la propagande et du mensonge

John R. MacArthur, éditeur du magazine Harper’s et auteur du livre Second Front, un essai sur les mensonges de la guerre du Golfe,

présenté par Bernard Descôteaux, président du Centre d’études sur les médias

14h Panel 3: L’écosystème médiatique alternatif

Kate Starbird, professeure, University of Washington, Seattle

Commentaires : Guillaume Latzko-Toth, Université Laval, et Jeff Yates, journaliste spécialiste des phénomènes de désinformation, Radio-Canada

15h15 Panel 4 : Les fausses nouvelles et la régulation de l’information dans le contexte des plateformes internet : la loi, l’éthique et la déontologie

The Network Enforcement Act- The German Approach to Fight Fake News, Digital Violence and Terrorist Speech in Social Networks

Bernd Holznagel, professeur, Université de Munster, Allemagne et directeur, Institute for Information, Telecommunications and Media Law

Fausses nouvelle et autorité numérique 

Marcello Vitali Rosati, professeur, Département des littératures de langue française, Université de Montréal

Commentaires : Christopher Terry, Universi of Minnesota

16h30 Synthèse des travaux

David Pritchard, professeur, University of Wisconsin, Milwaukee

 

Ce contenu a été mis à jour le 10/05/2017 à 5:27 PM.