Le mannequin et l’Internet toxique

Il y a 25 ans, un tribunal français donnait gain de cause à Estelle Hallyday. Des photos intimes de cette femme qui faisait profession de mannequin avaient été mises en ligne par un inconnu. Les juges avaient conclu que cette diffusion non autorisée était fautive et condamné l’entreprise qui hébergeait ces fichiers placés en ligne par un utilisateur introuvable. L’affaire déclencha un tollé car la décision tenait responsable l’entreprise qui n’avait fait que procurer un espace numérique à un usager d’Internet pour y placer des fichiers. On invoquait alors l’analogie de l’hôtelier qui ne saurait être tenu responsable pour ce qui se déroule dans les chambres qu’il loue.
L’affaire Hallyday a eu de grandes répercussions sur le cadre juridique de ces espaces numériques qui sont depuis devenues des méga-plateformes accueillant des images, vidéos et textes de n’importe quel usager. Il y a 25 ans, plusieurs s’inquiétaient que les entreprises qui hébergent des fichiers mis en ligne par les usagers soient tenus responsables comme le sont les journaux et les radios qui diffusent des contenus illicites. On insistait pour que ces intermédiaires qui accueillent les « posts » des usagers ne soient pas assujettis au régime de responsabilité qui prévaut pour les médias. Un tel statut les aurait placés en position de censurer pour se protéger d’éventuelles poursuites.
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Un quart de siècle après la saga judiciaire de Estelle Hallyday, force est de constater les limites des lois qui favorisent les plateformes d’Internet. Pour le meilleur et pour le pire, ces lois ont permis l’essor de l’économie de partage et des plateformes comme Uber et Airbnb. Le modèle a aussi permis l’essor de PornHub, une plateforme qui à l’origine fonctionnait comme un You Tube de l’érotisme et de la pornographie!

Ce contenu a été mis à jour le 04/16/2024 à 9:55 AM.