Pour l’humour de la balado
Le Devoir, Culture Pascale Lévesque
07/09/2022
Cette prétendue liberté si prisée des humoristes dans le monde virtuel est-elle réelle ou seulement une chimère ? Dérive-t-elle simplement de la capacité de ses plateformes à passer sous le radar de la surveillance ? « C’est un peu des deux », répond Pierre Trudel, professeur de droit à l’Université de Montréal, membre du Groupe consultatif d’experts sur la sécurité en ligne chargé par Patrimoine Canada de fournir des conseils sur la conception d’un cadre législatif et réglementaire pour lutter contre les contenus préjudiciables en ligne.
« Les radios, qu’elles soient commerciales ou publiques, sont tenues de suivre des règles strictes et font l’objet d’une surveillance directe du CRTC, explique-t-il. Les balados, eux, sont diffusés sur des plateformes virtuelles peu réglementées. »
L’espace est moins contraignant sur certains plans, comme en ce qui concerne l’utilisation de sacres, qui est toujours limitée chez les diffuseurs traditionnels dans certains contextes d’écoute. Il reste qu’au Canada, les lois qui encadrent la liberté d’expression dans la Charte canadienne des droits et liberté imposent les mêmes limites à tous. Un humoriste qui tiendrait des propos diffamatoires s’exposerait à des sanctions peu importe la tribune, l’antenne ou la bande passante utilisée.
« C’est clair que ces règles existent pour tous, mais dans certains contextes, comme dans un blogue ou un balado, elles sont difficiles à appliquer, ajoute le professeur Trudel. Le souhait n’est pas de transformer le Web en radio commerciale, mais de faciliter les recours si un citoyen s’estime, par exemple, discriminé par des propos homophobes ou racistes ou se dit victime de diffamation. »
Ce contenu a été mis à jour le 07/11/2022 à 12:14 PM.